Si le sujet est sur la table depuis déjà plusieurs années, cette saison d’hiver, fortement perturbée par la crise sanitaire, a fait l’effet d’une véritable onde de choc en stations. C’est désormais un constat partagé par tous : l’économie de la montagne ne peut plus dépendre exclusivement du ski et doit préparer l’avenir.
Alors, certes, les chiffres de cet étrange hiver restent encourageants dans beaucoup de lieux, malgré une situation inédite, et témoignent d’une vraie appétence des touristes pour les grands espaces. D’ailleurs, d’après les estimations de l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne, les taux d’occupation en stations en février ont surpris, au vu du contexte, avec une moyenne de 32,8%, tous massifs confondus, et avec des chiffres grimpant même jusqu’à 75% dans certains endroits. Seulement, passer à la suite sans reposer la question du modèle économique historique des stations pourrait s’analyser en une perte d’opportunité. Et voici pourquoi.
1. Pourquoi l’économie de la montagne doit-elle changer ?
Chaque secteur d’activité connaît des périodes de transformation majeures au cours de son existence. C’est exactement ce qu’est en train de vivre actuellement l’économie de la montagne. En effet, il est désormais devenu urgent et essentiel de réinventer le paradigme économique des stations. L’enjeu : réussir à atténuer leur extrême dépendance à la neige, et plus précisément aux vacances de Noël et de février.
Alors, pourquoi ça, et pourquoi maintenant ? D’abord parce qu’il existe de véritables opportunités pour l’industrie de la montagne, avec des modifications profondes des modes de consommation touristique. Car oui, déjà aujourd’hui, le vacancier ne vient plus en stations uniquement pour skier. Il est à la quête d’une expérience montagne bien plus globale. Ses attentes ont changé, cherchant de plus en plus à se reconnecter avec la nature, à rompre avec un quotidien stressant et à vivre de bons moments avec ses proches, dans un cadre authentique et avec un panorama unique.
Ce fait laisse présager un avenir radieux pour les stations de montagne, à condition de mettre en place dès aujourd’hui une stratégie multi-activités et multi-saisons. Des mesures d’autant plus urgentes que pèsent sur elles le risque de nouvelles crises sanitaires de grande ampleur et le spectre du réchauffement climatique, avec une durée d’enneigement en réduction de cinq jours tous les dix ans pour les stations de moyenne montagne.
Enfin, nous l’avons déjà relevé lors de notre précédent article : sous l’impulsion de la clientèle, le cahier des charges des constructions nouvelles est devenu si exigeant qu’il ne put plus s’amortir sur la seule saison d’hiver.
2. Vers des stations multi-saisons.
L’enjeu est donc clair : réussir à séduire les touristes, été comme hiver, et à maximiser le taux de remplissage sur les périodes les plus creuses, comme le sont les mois de mai, d’octobre et de novembre. Car le potentiel est bel et bien là, et bon nombre de vacanciers restent encore à conquérir.
Il suffit d’ailleurs de regarder les données qui précédent la crise du covid-19 pour comprendre que, d’années en années, la montagne grappille du terrain sur le littoral au moment des beaux jours. Ainsi, en 2017, d’après les données de l’Insee, rapportées par le journal économique Les Échos, le mois d’août a permis aux stations françaises d’atteindre des résultats comparables à ceux du mois de janvier en matière de fréquentation hôtelière.
Néanmoins, réussir à maintenir une activité optimale sur la majorité de l’année demande un travail de fond de la part des professionnels de la montagne. Il faut repenser le schéma traditionnel de la station, avec une offre touristique complète et des activités de qualité, qui répondent aux spécificités des différentes périodes de l’année. C’est par exemple ce que nous cherchons à faire à Albiez, station de charme située au cœur de la Maurienne, où nous augmentons la période d’exploitation du domaine skiable d’une part, le nombre de lits chauds disponibles d’autre part, le nombre et la diversité des activités outdoor enfin.
Cette station village située aux pieds des Aiguilles d’Arves s’engage dans le projet de liaison avec les Karellis et, corrélativement, dans la définition d’un master plan de diversification des activités de loisirs en montagne pour diversifier l’offre en hiver et renforcer celle-ci en été.
En d’autres termes, il ne s’agit pas d’opposer ski et diversification mais associer ces derniers pour obtenir l’addition suivante : 1 + 1 = 3
3. Le ski : la clé pour financer la mutation des stations.
Problème : depuis le début de l’hiver plane un mirage laissant penser que la mutation de l’économie de la montagne pourrait se faire en rangeant les skis au placard. Alors, bien entendu, en innovant pour palier à l’arrêt des remontées mécaniques cet hiver, certaines stations se sont rendues compte du potentiel des activités annexes.
Seulement, réinventer notre industrie en excluant le ski alpin serait une erreur fondamentale pour deux raisons.
Tout d’abord parce qu’il représente un facteur d’attractivité toujours aussi important. À titre d’exemple, d’après l’agence Savoie Mont-Blanc, 77% des vacanciers séjournant dans l’une des stations de Savoie et de Haute-Savoie, pratiquent le ski alpin et le snowboard. Car si les touristes sont en quête de grands espaces, d’évasion et de nature, ils veulent surtout dévaler les pistes.
Ainsi, penser qu’une station pourrait, sans maintenir son domaine skiable de qualité, aborder l’avenir avec sérénité nous semble un pari utopique.
D’autant plus que le ski alpin, premier levier d’attractivité, est la clé pour permettre à l’ensemble des stations françaises de financer et d’accélérer leur mutation. Se diversifier passe en effet par de vrais investissements, notamment en matière d’infrastructures et d’hébergements. Il faut imaginer de nouvelles manières de vivre la montagne, en famille ou entre amis, et ce à n’importe quel moment de l’année même si, et nous en sommes bien conscients, certaines périodes resteront toujours plus prolifiques que d’autres. Tout cela a donc un coût, et le ski doit permettre en grande partie de générer les fonds nécessaires à la transformation de nos stations.
4. Des mutations réussies à analyser de près.
En France, avec intelligence, certaines stations ont déjà commencé leur mutation. Nous observerons avec attention et envie les initiatives conduites dans les Sybelles ou dans le Vercors.
Mais pour trouver l’inspiration en toute impartialité, direction l’étranger. Objectif : découvrir comment les acteurs de la montagne s’activent pour séduire de nouveaux publics, à différents moments clés de l’année. Les idées ne manquent pas, comme en témoigne Geilo, l’une des stations les plus connues de Norvège, prisée pour son caractère intimiste et son large panel d’activités outdoor.
Peu importe les températures et le niveau d’enneigement, le lieu se veut, au printemps comme en hiver, le paradis pour les amoureux de nature, les jeunes en quête de fun et les familles avec enfants. Parmi les activités originales proposées au cours de l’année : la création de demi-journées animées par une conteuse où les plus jeunes, à l’intérieur d’un igloo aménagé pour l’occasion, vivent les récits d’une manière complètement inédite.
Car Geilo veut créer la surprise, jouant de créativité pour développer un « faire-venir » complémentaire aux sports d’hiver. C’est d’ailleurs toujours dans cette optique que la station a propulsé un festival de musique hors des sentiers battus, avec des artistes accompagnés d’instruments… faits en glace. Il s’agit ici d’un exemple concret de mise en œuvre d’une politique d’innovation, visant à construire un avenir qui ne dépend plus uniquement de la qualité de la neige et de la période d’hiver.
La station de Telluride dans le Colorado a décidé, quant à elle, de marquer sa différence – de scénariser sa destination – en valorisant son histoire
Néanmoins, d’autres axes de développement sont envisageables pour nos stations. Effectivement, en organisant des stages d’oxygénation pour les sportifs assidus, en élevant le bien-être au rang d’art de vivre et/ou en imaginant des activités d’été ludiques, introuvables ailleurs, elles ont de multiples cordes à leur arc pour construire l’avenir, à travers une offre diversifiée, différenciante et multi-saisons. Dans tous les cas, elles devront réussir à affirmer leur propre proposition de valeur et à développer leurs atouts pour capter leurs publics cibles.
5. Aider les stations de ski à appréhender la transition.
Seulement, pour mener cette transition indispensable, les stations ont besoin de se faire accompagner par des experts, capables d’apporter un regard stratégique sur leur potentiel encore inexploité et de budgéter les investissements à envisager. Objectif : développer, étendre et pérenniser le tourisme en montagne.
C’est exactement la mission du Groupe SSIT, comme le rappelle la Chambre Régionale des Comptes d’Auvergne Rhône-Alpes, dans une publication datée du mois d’octobre 2017. Nous avons ainsi vocation à développer « une approche plus globale du développement des stations, anticipant ainsi les conséquences du réchauffement climatique et le basculement prévisible de l’économie de la neige en basse et moyenne montagne ».
Dans ce cadre, nous aidons les stations à se réinventer, à se développer et à affirmer leur différence. Pour chaque client, nous mettons donc en place des solutions concrètes et personnalisées, afin de permettre à ses projets touristiques de voir le jour grâce à un cadre juridique, financier, technique et commercial précis. Ensemble, nous bâtissons ainsi l’avenir économique de tout un territoire.
Vous représentez une station de montagne ? Notre équipe se tient à votre disposition pour répondre à l’ensemble de vos questions et amorcer vos projets de développement. Nous vous invitons à nous contacter dès maintenant pour prendre rendez-vous avec nos experts !
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